Sculpture-Film (Klein) est une hybridation entre cinéma et sculpture.

Le principe consiste à déterminer un volume et à le “remplir” par du cinéma. D’une logique sculpturale, réaliser un film ; procédé inverse à celui des Film-Sculptures.

Le volume a été choisi pour ses propriétés - si singulières qu’elles devaient induire un contenu particulier. Il s’agit de la bouteille de Klein, une curiosité géométrique, le seul volume que l’on puisse parcourir totalement, indéfiniment, sans rencontrer de bord, et pour lequel il soit impossible de définir un extérieur et un intérieur.

Ces caractéristiques sont à l’origine de Sculpture-Film (Klein): un plan séquence de 15 minutes sans début ni fin, pouvant être visionné en boucle, et dont le point de vue passe progressivement, sans discontinuité, de celui d’une caméra objective à celui d’une caméra subjective (et vice-versa).

L’action oscille lentement entre l’espace intime d’un appartement et le monde extérieur. Le même moment sera perçu, successivement mais sans plan de coupe, de manière impersonnelle puis en première personne (avec certaines conventions cinématographiques que ce dernier point de vue implique, notamment celles de la survenue possible de souvenirs, de rêves, …)

La dramaturgie n’est plus ici envisagée sous l’aspect narratif, mais perceptif.

Le film, qui semble avoir émergé de l’objet sculptural, produit donc l’errance d’un regard tantôt incarné, tantôt non ; un regard qui traverse le monde sans véritable sujet assigné.